Dans l’univers taoïste, et plus particulièrement au sein de l’école Daxuan, le principe de dissolution se présente comme une clé de voûte, un axe central autour duquel gravite l’ensemble de la pratique. Il ne s’agit pas simplement d’un concept parmi d’autres, mais d’une dynamique vivante, d’une méthode subtile et profonde qui accompagne le pratiquant tout au long de son cheminement. Dissoudre, dans ce contexte, n’est pas une forme de fuite ou de disparition mais une alchimie intérieure, une manière de transformer les formes figées, les tensions, les croyances et les constructions mentales en un état plus fluide, plus souple, plus naturel.
Au cœur de la tradition Daxuan, la dissolution est abordée dès les premières étapes de l’entraînement, car elle conditionne la capacité à recevoir, à percevoir, à se relier aux forces de la vie. Dans une tradition qui place la transformation comme un mouvement naturel et permanent, tout ce qui reste figé devient un obstacle à la libre circulation du souffle, du qi, de la conscience. La dissolution permet justement de défaire ces nœuds, ces contractions internes qui nous coupent de notre potentiel originel.
Dans une perspective taoïste, l’être humain est vu comme un écosystème complexe, composé de différents niveaux d’existence qui interagissent : le corps, le souffle, le cœur-esprit, et la structure énergétique plus profonde. À chaque niveau, la dissolution opère comme un adoucissement, une ouverture, une évaporation des excès et des résistances. Ainsi, au lieu de se heurter aux tensions et aux blocages, le pratiquant apprend à les laisser se déliter, comme la glace qui fond sous la chaleur du soleil. Cette image, souvent utilisée dans les enseignements de Daxuan, n’est pas anodine : elle traduit la manière douce mais constante dont la dissolution agit. Ce n’est pas une action brutale ou volontaire, mais un processus d’accueil, de reconnaissance, de présence. On ne force pas la dissolution, on la permet.
Ce principe est particulièrement visible dans le travail corporel spécifique à l’école. Lorsqu’on aborde les pratiques de posture, de relâchement ou de mouvement lent, comme dans le Daoyin ou le Neigong, l’objectif n’est pas de renforcer le corps dans une tension musculaire, mais de le ramener à sa nature détendue, alignée, ouverte. Par la lenteur, par l’attention posée sur le souffle et l’intérieur, les tensions profondes sont mises en lumière. Elles ne sont pas combattues, elles sont observées, entourées de conscience, jusqu’à ce qu’elles se dissolvent d’elles-mêmes. Ce processus révèle une vérité essentielle : le corps a une intelligence propre, une capacité innée à se rééquilibrer si on lui donne l’espace et le temps nécessaires.
La dissolution dans l’école Daxuan n’est pas une technique figée ; elle est une qualité d’être, un état intérieur qui infuse toutes les pratiques. C’est un art du lâcher-prise, mais pas au sens passif ou désengagé. C’est un lâcher-prise conscient, actif, vibrant. Il demande de la vigilance, de la présence, et une capacité à sentir ce qui, en soi, résiste encore. La dissolution invite à devenir intime avec ces résistances, non pour les rejeter, mais pour les rencontrer dans une qualité d’écoute et de non-jugement. C’est dans cette rencontre que peut émerger la transformation véritable. On ne transforme pas ce qu’on fuit, on ne libère pas ce qu’on ne voit pas.
L’école Daxuan, dans sa richesse et sa profondeur, nous montre que la dissolution n’est pas seulement un processus intérieur : elle est également une façon d’entrer en relation avec le monde. Un cœur-esprit tendu, contracté, fermé par la peur ou le contrôle, ne peut pas percevoir clairement ce qui est. En dissolvant ces filtres, ces automatismes de défense, le pratiquant commence à voir le réel avec plus de clarté, plus de douceur. Il devient moins réactif, plus disponible. La dissolution permet d’abandonner les identités figées, les rôles que l’on joue, les masques que l’on porte. Elle ramène à quelque chose de plus nu, de plus vrai. Elle nous rend perméables à l’instant, à ce qu’il contient, à ce qu’il demande.
Dans la tradition Daxuan, cette capacité de dissolution est aussi ce qui permet de voyager plus loin dans les couches profondes de l’être. Tant que les structures superficielles – physiques, émotionnelles ou mentales – restent rigides, l’accès aux niveaux plus subtils reste limité. Dissoudre les blocages ne revient pas à les ignorer ni à les nier, mais à leur permettre de se résorber dans un mouvement de retour au centre. À mesure que l’on dissout, on devient plus léger, plus silencieux, plus réceptif. Ce silence, dans la tradition taoïste, est essentiel. Ce n’est pas le silence d’absence ou de vide, mais un silence plein, nourricier, qui permet aux mouvements profonds de se révéler.
La dissolution devient alors un outil de retour. Retour vers ce que l’école Daxuan appelle la nature originelle, cet état antérieur à la séparation, à la division, au mental discursif. Cet état n’est pas une abstraction mystique, mais une réalité intérieure accessible, pour peu que l’on apprenne à se poser, à écouter, à ressentir. Par la dissolution, le pratiquant s’allège des surcharges accumulées, des mémoires cristallisées, des tensions du passé. Il se désidentifie peu à peu de ce qui n’est pas lui, pour revenir à ce qui, en lui, ne change pas : le témoin silencieux, la conscience pure, l’esprit naturel.
Ce processus est aussi une école de patience. Rien ne se dissout sur commande, rien ne disparaît parce qu’on le veut. Il faut apprendre à demeurer avec, à respirer avec, à accueillir même l’inconfort. Dans cette école de l’humilité, l’ego est souvent mis à mal, car il aime les résultats rapides, les maîtrises techniques, les performances visibles. Or la dissolution, dans son essence, ne donne pas de trophée. Elle offre quelque chose de plus précieux : la liberté intérieure, la fluidité, la paix.
Un autre aspect fondamental dans l’école Daxuan est la dissolution des émotions. Non pas leur suppression ou leur refoulement, mais leur digestion. Une émotion figée, répétitive, est un signe de stagnation du qi. Par l’observation consciente, par le travail du souffle et du cœur, ces émotions sont peu à peu amenées à se transformer, à se liquéfier, à redevenir énergie disponible. Le pratiquant devient alors capable de traverser la tristesse, la colère ou la peur, sans être dominé par elles. La dissolution ici est un acte de sagesse, un mouvement de libération. Elle nous apprend que toute émotion, si elle est accueillie sans résistance, retourne d’elle-même à la source dont elle vient.
Le principe de dissolution s’applique aussi à nos croyances, à nos certitudes. Dans une tradition où l’on cherche à voir au-delà des apparences, la rigidité mentale est un obstacle majeur. La dissolution vient alors éroder les dogmes intérieurs, les pensées toutes faites, les jugements hâtifs. Elle invite à entrer dans une posture d’ouverture, de questionnement, de souplesse cognitive. Ce n’est pas une naïveté, mais une lucidité plus fine, plus libre. Dans l’école Daxuan, cette liberté de pensée est essentielle : elle permet au pratiquant de sortir de la prison des représentations pour entrer dans une relation directe avec le vivant.
Au fil des années, à mesure que le principe de dissolution s’intègre dans toutes les dimensions de la pratique, le regard change. On commence à percevoir le monde lui-même comme un flux en perpétuel mouvement, un jeu d’apparitions et de disparitions. Rien n’est figé, rien n’est permanent, tout est en transformation constante. Cette vision, loin d’être déstabilisante, devient source de confiance et d’humilité. On n’a plus besoin de tout contrôler, de tout figer. On peut danser avec l’impermanence, s’ajuster, répondre avec justesse plutôt que réagir avec peur.
Dans cette fluidité retrouvée, le rapport au temps se transforme. Le passé n’a plus le même poids, le futur n’est plus une source d’angoisse. Le présent s’épaissit, s’approfondit, devient l’unique lieu de la réalité. La dissolution, dans sa forme la plus subtile, est alors un retour au présent, un ancrage dans l’ici et maintenant. Elle nous libère des projections mentales, des souvenirs envahissants, des attentes crispées. Elle nous ramène à la simplicité du souffle, du geste, de la présence.
Enfin, la dissolution est un acte d’amour envers soi-même. Elle demande de la douceur, de la bienveillance, une capacité à se regarder sans dureté. Dans une société qui valorise la performance, la vitesse, le contrôle, pratiquer la dissolution est presque un acte de résistance. C’est choisir la lenteur, l’écoute, la transparence. C’est faire confiance à l’intelligence naturelle du corps, de l’esprit, du cœur. C’est laisser tomber les armures, non par faiblesse, mais par sagesse. Dans l’école Daxuan, cette sagesse est transmise de manière vivante, de cœur à cœur, de corps à corps. Elle ne s’enseigne pas dans les livres, elle se goûte, elle se vit, elle se ressent.
Ce chemin de dissolution, lorsqu’il est pleinement embrassé, ouvre la porte à une transformation profonde. Il ne s’agit pas de devenir autre chose, mais de redevenir ce que nous avons toujours été. Un être fluide, ouvert, en lien, capable de répondre à la vie avec justesse. Et c’est là, peut-être, le plus grand cadeau de la dissolution : elle nous rend à notre humanité vraie, celle qui n’a pas besoin de briller, mais simplement d’être.
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In the Taoist world, and more specifically within the Daxuan School, the principle of dissolution is presented as a keystone, a central axis around which the whole of practice revolves. It's not just another concept, but a living dynamic, a subtle and profound method that accompanies the practitioner along his or her path. Dissolving, in this context, is not a form of escape or disappearance, but an inner alchemy, a way of transforming fixed forms, tensions, beliefs and mental constructs into a more fluid, supple and natural state.
At the heart of the Daxuan tradition, dissolution is addressed from the very first stages of training, as it conditions the ability to receive, perceive and connect with the forces of life. In a tradition that sees transformation as a natural and permanent movement, anything that remains fixed becomes an obstacle to the free circulation of breath, qi and consciousness. Dissolution enables us to undo these knots, these internal contractions that cut us off from our original potential.
From a Taoist perspective, the human being is seen as a complex ecosystem, made up of different interacting levels of existence: the body, the breath, the heart-mind, and the deeper energy structure. At each level, dissolution acts as a softening, an opening, an evaporation of excesses and resistances. So, instead of confronting tensions and blockages, the practitioner learns to let them dissolve, like ice melting under the warmth of the sun. This image, often used in Daxuan teachings, is not insignificant: it expresses the gentle yet constant way in which dissolution works. It is not a brutal or voluntary action, but a process of acceptance, recognition and presence. We don't force dissolution, we allow it.
This principle is particularly evident in the bodywork specific to the school. When we approach practices of posture, relaxation or slow movement, as in Daoyin or Neigong, the aim is not to reinforce the body in muscular tension, but to bring it back to its relaxed, aligned, open nature. Through slowness and attention to the breath and the inner self, deep-seated tensions are brought to light. They are not fought, but observed, surrounded by awareness, until they dissolve on their own. This process reveals an essential truth: the body has an intelligence of its own, an innate capacity to rebalance itself if given the necessary space and time.
Dissolution in the Daxuan school is not a fixed technique; it is a quality of being, an inner state that infuses all practices. It's an art of letting go, but not in the passive or disengaged sense. It's a conscious, active, vibrant letting go. It demands vigilance, presence, and the ability to sense what within oneself is still resisting. Dissolution invites us to become intimate with these resistances, not to reject them, but to encounter them in a quality of listening and non-judgment. It is in this encounter that true transformation can emerge. We don't transform what we run away from; we don't liberate what we don't see.
The Daxuan School, in all its richness and depth, shows us that dissolution is not just an inner process: it is also a way of relating to the world. A tense, contracted heart-mind, closed by fear or control, cannot perceive clearly what is. By dissolving these filters, these defensive automatisms, the practitioner begins to see reality with greater clarity and gentleness. They become less reactive, more available. Dissolution enables us to abandon fixed identities, the roles we play, the masks we wear. It brings us back to something more naked, more real. It makes us permeable to the moment, to what it contains, to what it demands.
In the Daxuan tradition, this capacity for dissolution is also what enables us to travel further into the deeper layers of our being. As long as superficial structures - physical, emotional or mental - remain rigid, access to more subtle levels remains limited. Dissolving blockages doesn't mean ignoring or denying them, but allowing them to dissolve in a movement back to the center. As we dissolve, we become lighter, quieter and more receptive. This silence, in the Taoist tradition, is essential. It is not the silence of absence or emptiness, but a full, nurturing silence that allows deep movements to reveal themselves.
Dissolution then becomes a tool for return. A return to what the Daxuan school calls original nature, that state prior to separation, division and the discursive mind. This state is not a mystical abstraction, but an accessible inner reality, provided we learn to sit still, listen and feel. Through dissolution, the practitioner is relieved of accumulated burdens, crystallized memories and past tensions. They gradually disidentify from what is not themselves, and return to what remains unchanged: silent witness, pure awareness, natural spirit.
This process is also a school of patience. Nothing dissolves on command, nothing disappears because we want it to. You have to learn to stay with it, to breathe with it, to welcome even discomfort. In this school of humility, the ego is often challenged, because it loves quick results, technical mastery and visible performance. Yet dissolution, in its essence, doesn't offer trophies. It offers something more precious: inner freedom, fluidity and peace.
Another fundamental aspect of the Daxuan School is the dissolution of emotions. Not their suppression or repression, but their digestion. A fixed, repetitive emotion is a sign of stagnant qi. Through conscious observation, working with the breath and the heart, these emotions are gradually transformed, liquefied and transformed back into available energy. The practitioner then becomes able to move through sadness, anger or fear, without being dominated by them. Dissolution here is an act of wisdom, a movement of liberation. It teaches us that every emotion, if welcomed without resistance, returns of its own accord to the source from which it came.
The principle of dissolution also applies to our beliefs and certainties. In a tradition that seeks to see beyond appearances, mental rigidity is a major obstacle. Dissolution erodes inner dogmas, ready-made thoughts and hasty judgments. It invites us to adopt a posture of openness, questioning and cognitive flexibility. This is not naïveté, but a finer, freer lucidity. In the Daxuan school, this freedom of thought is essential: it enables the practitioner to escape the prison of representations and enter into a direct relationship with the living.
Over the years, as the principle of dissolution is integrated into all dimensions of practice, our outlook changes. We begin to perceive the world itself as a perpetual flux, a game of appearances and disappearances. Nothing is fixed, nothing is permanent, everything is in constant transformation. This vision, far from being destabilizing, becomes a source of confidence and humility. We no longer need to control or freeze everything. We can dance with impermanence, adjusting and responding appropriately rather than reacting with fear.
This newfound fluidity transforms our relationship with time. The past no longer carries the same weight, and the future is no longer a source of anxiety. The present thickens and deepens, becoming the sole locus of reality. Dissolution, in its subtlest form, is a return to the present, an anchoring in the here and now. It frees us from mental projections, invasive memories and tense expectations. It brings us back to the simplicity of breath, gesture and presence.
Finally, dissolution is an act of self-love. It requires gentleness, kindness and the ability to look at oneself without harshness. In a society that values performance, speed and control, practicing dissolution is almost an act of resistance. It means choosing slowness, listening and transparency. It means trusting the natural intelligence of body, mind and heart. It means letting go of armour, not out of weakness, but out of wisdom. In the Daxuan School, this wisdom is transmitted in a living way, from heart to heart, body to body. It's not taught in books, it's tasted, it's lived, it's felt.
When fully embraced, this path of dissolution opens the door to profound transformation. It's not about becoming something else, but about becoming what we've always been. A fluid, open, connected being, able to respond to life with precision. And this, perhaps, is the greatest gift of dissolution: it returns us to our true humanity, the one that doesn't need to shine, but simply to be.
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