Ba Men Da Xuan

    • Register
    • Login
    • Search
    • Categories
    • Recent
    • Tags
    • Popular
    • Users
    • Groups
    • Search

    Changsheng Baoming Hushen Miaojing

    Clasiques / Classics
    1
    1
    17
    Loading More Posts
    • Oldest to Newest
    • Newest to Oldest
    • Most Votes
    Reply
    • Reply as topic
    Log in to reply
    This topic has been deleted. Only users with topic management privileges can see it.
    • Le Professeur
      Le Professeur last edited by

      Le Classique pour Prolonger la Vie, Préserver le Destin et Protéger le Corps, attribué au Très-Haut Seigneur Lao, occupe une place de premier choix dans l’ensemble du canon taoïste. Court par sa forme, il est pourtant d’une densité exceptionnelle. Il ne se présente ni comme un traité technique, ni comme un texte rituel au sens strict, mais comme une instruction directe sur l’orientation intérieure fondamentale, celle sans laquelle aucune pratique, aucune méthode, aucune cultivation ne peut véritablement porter ses fruits.

      Historiquement, ce texte apparaît dans les milieux taoïstes à partir de la période Tang, puis se stabilise et se diffuse largement sous les Song et les Yuan. Il est rapidement intégré aux corpus Taixuan et Daxuan, tout en conservant une identité propre. Sa transmission est traditionnellement associée à des figures majeures de l’immortalité taoïste, telles que Ge Xuan, Donghua Dijun ou la Reine-Mère de l’Ouest, non comme une caution mythologique, mais comme l’indication d’un enseignement reconnu, éprouvé et transmis dans des cercles de haute exigence intérieure.

      Le Classique s’inscrit dans une lignée de textes qui ne cherchent pas à expliquer le Dao, mais à dissoudre ce qui empêche de le reconnaître. À ce titre, il est souvent rapproché du Dao De Jing par sa sobriété, du Xin Yin Jing par sa profondeur intérieure, et du Yinfu Jing par sa précision dans la description des mécanismes de l’esprit. Cependant, le Classique se distingue par son orientation résolument opérative, bien qu’aucune méthode explicite n’y soit donnée.

      Dès ses premières lignes, le texte établit un principe fondamental : le Dao est sans forme, sans émotion, sans nom. Cette affirmation n’est pas une spéculation métaphysique, mais une mise en garde immédiate. Elle retire au lecteur toute possibilité de réduire la Voie à un objet de connaissance, à une expérience particulière ou à un état à atteindre. Le Dao n’est pas ce que l’on perçoit, ni ce que l’on ressent, ni ce que l’on comprend. Il est ce par quoi toute perception, tout ressenti et toute compréhension sont possibles.

      Le texte montre ensuite comment ce Dao sans forme se manifeste à travers des dynamiques complémentaires, telles que la clarté et la densité, le mouvement et le repos. Ces polarités ne sont jamais présentées comme des oppositions à résoudre, mais comme des expressions nécessaires de la vie elle-même. Le Classique insiste sur un point essentiel : chercher la pureté en rejetant la densité, ou le calme en supprimant le mouvement, revient à s’éloigner de la Voie. La véritable clarté inclut la densité, et le véritable repos naît de l’accomplissement du mouvement.

      C’est à partir de cette compréhension que le texte ramène l’enseignement au cœur de l’expérience humaine. Il affirme avec force que l’être humain est le lieu où le Dao se perd ou se reconnaît. Le déséquilibre ne provient ni du monde, ni des émotions, mais du cœur-esprit lorsqu’il se laisse entraîner par le désir et les projections. Le désir, tel qu’il est décrit ici, n’est pas une faute morale, mais une force de dispersion. Il tire le cœur hors de son centre, fragmente l’esprit, et installe une agitation permanente qui rend la Voie invisible.

      Le Classique ne propose pas de lutter contre le désir, ni de le condamner. Il montre simplement que, lorsque le cœur est clarifié, le désir perd de lui-même sa capacité à dominer. Cette clarification ne passe pas par un contrôle volontaire, mais par une observation profonde qui dissout progressivement les identifications au mental, au corps et aux choses. À mesure que ces identifications se relâchent, s’ouvre un espace intérieur que le texte nomme le vide, un vide qui n’est ni absence ni néant, mais disponibilité totale.

      L’un des apports majeurs du Classique réside dans sa mise en garde contre une erreur subtile : s’attacher au vide lui-même. Le texte insiste sur le fait que même la vacuité doit être abandonnée. Toute fixation, même spirituelle, recrée une séparation. Ce point fait du Classique un texte d’une grande maturité, destiné non aux débutants avides de méthodes, mais à ceux qui risquent de s’enfermer dans des états raffinés sans les dépasser.

      Lorsque toute saisie cesse, le texte décrit l’émergence d’une tranquillité authentique. Cette tranquillité n’est pas un état figé ni une paix émotionnelle. Elle est la conséquence naturelle de l’absence de division intérieure. À partir de là, l’être humain peut revenir pleinement dans le monde. Le Classique insiste sur ce retour. La Voie n’est pas une fuite hors de la vie, mais une manière de vivre sans être pris dans la lutte, la comparaison ou l’attachement.

      C’est dans ce contexte que le texte critique la vertu affichée, la compétition morale et les postures spirituelles. La véritable vertu ne se sait pas vertu. Dès qu’elle est revendiquée, elle devient une construction de l’ego. Cette critique, d’une grande modernité, explique pourquoi le taoïsme s’est toujours méfié des systèmes normatifs rigides. La justesse authentique ne naît pas de règles, mais d’un esprit libre de toute fixation.

      La dernière partie du Classique ancre cet enseignement dans la transmission. Elle rappelle que cette Voie n’est pas le fruit d’une élaboration personnelle, mais qu’elle a été reconnue, vécue et transmise au fil des siècles. La récitation du texte est présentée non comme un acte dévotionnel mécanique, mais comme une manière de laisser l’enseignement imprégner progressivement le cœur-esprit, jusqu’à ce que la clarté et la tranquillité deviennent naturelles.

      Ainsi, le Classique n’est ni un manuel de méditation, ni un traité philosophique, ni un texte moral. Il est un texte de désencombrement intérieur. Il ne dit pas ce qu’il faut devenir, mais ce qu’il faut cesser de nourrir. Sa puissance tient précisément à cette sobriété. Il accompagne le pratiquant jusqu’au point où toute recherche tombe d’elle-même, laissant place à une présence simple, stable et pleinement vivante.

      C’est pour cette raison que, depuis des siècles, ce texte est considéré comme un fondement silencieux de la cultivation taoïste. Il ne promet rien, n’exige rien, n’impose rien. Il se contente de montrer, avec une clarté implacable, ce qui demeure lorsque le cœur cesse de se disperser. Et c’est en cela qu’il reste, aujourd’hui encore, d’une actualité et d’une profondeur exceptionnelles.


      The Classic for Prolonging Life, Preserving Destiny, and Protecting the Body, attributed to the Most High Lord Lao, occupies a place of prime importance in the entire Taoist canon. Short in form, it is nevertheless exceptionally dense. It is neither a technical treatise nor a ritual text in the strict sense, but rather a direct instruction on fundamental inner orientation, without which no practice, method or cultivation can truly bear fruit.

      Historically, this text appeared in Taoist circles during the Tang dynasty, then stabilised and spread widely during the Song and Yuan dynasties. It was quickly incorporated into the Taixuan and Daxuan corpora, while retaining its own identity. Its transmission is traditionally associated with major figures of Taoist immortality, such as Ge Xuan, Donghua Dijun, and the Queen Mother of the West, not as a mythological endorsement, but as an indication of a recognised teaching, proven and transmitted in circles of high inner demand.

      The Classic is part of a lineage of texts that do not seek to explain the Dao, but to dissolve what prevents it from being recognised. As such, it is often compared to the Dao De Jing for its sobriety, to the Xin Yin Jing for its inner depth, and to the Yinfu Jing for its precision in describing the mechanisms of the mind. However, the Classic is distinguished by its resolutely operative orientation, although no explicit method is given in it.

      From its very first lines, the text establishes a fundamental principle: the Dao is formless, emotionless, nameless. This statement is not a metaphysical speculation, but an immediate warning. It removes any possibility for the reader to reduce the Way to an object of knowledge, a particular experience, or a state to be attained. The Dao is not what we perceive, nor what we feel, nor what we understand. It is that through which all perception, all feeling and all understanding are possible.

      The text then shows how this formless Dao manifests itself through complementary dynamics, such as clarity and density, movement and rest. These polarities are never presented as oppositions to be resolved, but as necessary expressions of life itself. The Classic emphasises an essential point: seeking purity by rejecting density, or calm by suppressing movement, is to stray from the Way. True clarity includes density, and true rest comes from the fulfilment of movement.

      It is from this understanding that the text brings the teaching back to the heart of human experience. It strongly affirms that the human being is the place where the Dao is lost or recognised. Imbalance does not come from the world or from emotions, but from the heart-mind when it allows itself to be carried away by desire and projections. Desire, as described here, is not a moral failing, but a force of dispersion. It pulls the heart out of its centre, fragments the mind, and instils a permanent agitation that obscures the Way.

      The Classic does not propose to fight against desire or condemn it. It simply shows that when the heart is clarified, desire loses its ability to dominate. This clarification does not come through voluntary control, but through deep observation that gradually dissolves identifications with the mind, body, and things. As these identifications loosen, an inner space opens up that the text calls emptiness, an emptiness that is neither absence nor nothingness, but total availability.

      One of the major contributions of the Classic lies in its warning against a subtle error: attaching oneself to emptiness itself. The text insists that even emptiness must be abandoned. Any fixation, even spiritual, recreates a separation. This point makes the Classic a text of great maturity, intended not for beginners eager for methods, but for those who risk becoming trapped in refined states without transcending them.

      When all grasping ceases, the text describes the emergence of authentic tranquillity. This tranquillity is not a fixed state or emotional peace. It is the natural consequence of the absence of inner division. From there, human beings can return fully to the world. The Classic emphasises this return. The Way is not an escape from life, but a way of living without being caught up in struggle, comparison or attachment.

      It is in this context that the text criticises ostentatious virtue, moral competition and spiritual posturing. True virtue does not know itself to be virtue. As soon as it is claimed, it becomes a construct of the ego. This highly modern criticism explains why Taoism has always been wary of rigid normative systems. Authentic righteousness does not arise from rules, but from a mind free of all fixation.

      The last part of the Classic anchors this teaching in transmission. It reminds us that this Way is not the result of personal elaboration, but has been recognised, lived and transmitted over the centuries. The recitation of the text is presented not as a mechanical act of devotion, but as a way of allowing the teaching to gradually permeate the heart-mind, until clarity and tranquillity become natural.

      Thus, the Classic is neither a meditation manual, nor a philosophical treatise, nor a moral text. It is a text of inner decluttering. It does not say what one must become, but what one must cease to nurture. Its power lies precisely in this sobriety. It accompanies the practitioner to the point where all seeking falls away, giving way to a simple, stable and fully alive presence.

      It is for this reason that, for centuries, this text has been considered a silent foundation of Taoist cultivation. It promises nothing, demands nothing, imposes nothing. It simply shows, with relentless clarity, what remains when the heart ceases to be scattered. And it is in this that it remains, even today, exceptionally relevant and profound.

      1 Reply Last reply Reply Quote 0
      • First post
        Last post